Mère et fille ont lu et adoré : "Blackwater" de Michael McDowell
Hey !
Ça faisait très longtemps que l’on ne vous avait pas retrouvé, ma maman et moi, pour un article commun. Et deuxième particularité ici, on ne revient pas vous parler d’un titre, mais bien d’une saga complète : Blackwater de Michael McDowell.
Informations : Auteur :
Michael McDowell
Publié chez : Monsieur
Toussaint L’ouverture
Lu en : 2022
Au prix unitaire de : 8€40
D’une petite épaisseur de 250
pages environ
Et ça parle de quoi ?
Perdido, petite
ville de l’Alabama aux Etats-Unis se retrouve sous les eaux des deux rivières
qui l’encadre : la Blackwater et la Perdido. Alors qu’Oscar, appartenant à
l’une des riches familles-piliers de la ville, arpente les rues en barque
accompagné de Bray, employé de la famille, il fait la rencontre surprenante
d’Elinor. Dès lors, on suit cette famille, le clan Caskey, ceux qui l’entourent
et les intrigues qui les caractérisent, mais surtout leur destin parsemé
d’apparitions fantastiques...
Notre avis : C’est Emmanuelle (la maman) qui a découvert cette pépite si atypique sur France Culture, de la bouche même de l’éditeur. Ayant déjà lu Watership Down de la même maison d’édition, elle n’a pas hésité à se procurer le premier tome rapidement, trépignant d’impatience en attendant la sortie des suivants. Alors vous vous demandez sûrement : pourquoi ? Pourquoi un livre publié dans les années 80 provoque-t-il autant d’engouement, rassemblant toutes les classes d’âges et types de lecteurs ? Et bien préparez-vous, puisque nous nous apprêtons à vous donner notre réponse, ayant toutes deux adorées la saga. Mais par où commencer ?
Le genre
Problème ici : nous sommes bien incapables de vous classer cette saga dans un registre particulier. Disons que c’est patchwork : on se situe dans une saga familiale, ponctuée d’éléments fantastiques, voire horrifiques pour la tension qu’ils dégagent, nous faisant froid dans le dos par moment. Cet aspect est présent dans chaque tome, et ce de façon crescendo, jusqu’au dénouement final. Cependant, ne vous attendez pas à avoir des réponses claires et précises sur tout : vous comprendrez des choses sans arriver à mettre de mots dessus, tel un spectateur présent dans le roman, aux côtés des personnages.
L’auteur
Il est peu commun de rencontrer un auteur, surtout dans les années 80, qui fait des femmes les héroïnes de son œuvre. Michael McDowell a réussi à capter les femmes dans leur globalité et leur singularité, leur donnant une place clé dans cette saga puisque, tout en étant fortes et, pour la plupart, sensibles et humaines, elles dirigent et portent leur famille de manière matriarcale. Une vraie ode au pouvoir du féminin, sous toutes ses formes (Apolline reste persuadée que de nombreuses doubles lectures à ce sujet sont possibles). Cela fait de Michael McDowell un auteur profondément en avance sur son temps.
Les thèmes avant-gardistes
Bien
que cette saga soit ancrée dans un contexte historique évoluant à l’instar des
personnages, il ne masque jamais l’histoire. En effet, on nous évoque
simplement au détour d’une phrase l’acquisition du droit de vote des femmes, ou
encore, l’entrée en guerre des Etats-Unis. Tout ceci constitue un cadre dans
lequel évolue nos personnages, laissant libre cours au développement de thèmes atypiques
pour l’époque. Parmi eux, comme évoqué précédemment, la place de la femme et le
matriarcat sont très présents. En effet, les couples (parfois homoparentaux) de
la saga sont tous composés de femmes fortes, reléguant les hommes à un rôle
subalterne, laissant la cheffe de la famille décider de leurs actions. Il leur
est également possible de réaliser le self-made man (ou woman ici plutôt), leur
permettant de s’enrichir et d’occuper des postes à hautes responsabilités.
On retrouve également
des situations qui paraissent banales et ne relevant que de la normalité pour
les Caskeys, pouvant pourtant choquer pour l’époque tels que l’homosexualité et
la condition des Noirs aux États-Unis, surtout dans l’Etat d’Alabama dans les
années 1950-1960.
McDowell questionne aussi ici la moralité des personnages mais surtout du lecteur, nous laissant nous surprendre nous-même quant au fait d’être de moins en moins horrifié de certaines choses. En effet, pris d’habitude par certains faits qui n’en restent pas moins mauvais d’un point de vue éthique, il joue véritablement avec la notion de Bien et de Mal.
Les thèmes classiques de la saga
A l’instar de Zola et des Rougon-Macquart, les personnages subissent le poids
de leur héritage familial, reproduisant des schémas établis depuis des
générations. Pour ne citer qu’eux, on assiste à des mariages surprenants, des
décès improbables, des naissances décisives, des ascensions sociales
fulgurantes et des rivalités familiales destructrices. La fin d’ailleurs confirme
le caractère cyclique de la saga.
De plus, les relations filiales sont questionnées dans chaque tome, interrogeant autant l’amour maternel que paternel (abondant ou absent) voir même la définition même de famille.
Les personnages
Michael McDowell nous dépeint des personnages aux caractères divers, à la fois complémentaires et disparates, se répondant et s’opposant tour à tour. Ils sont à la fois mystérieux, dévoués, autoritaires, décevants, maternels, effacés, violents, égoïstes, fidèles, étranges, profonds, détestables, touchants, ambitieux … Malgré tout, aucun d’entre eux n’est véritablement attachant : si on se reconnait dans certaines relations, on reste observateurs de leur existence.
Le travail éditorial
Un travail
remarquable a été réalisé avec Blackwater. En effet, la périodicité de
publication originelle (feuilleton tous les 15 jours), a été reproduite, cette
fois sous la forme de livres, contribuant à l’aspect addictif de la saga. De
plus, chaque volume est truffé de détails, que ce soit sur la couverture
(première, quatrième et dos), mais également dans le titre et dans la dernière
page si bien qu’une fois chaque tome achevé, une autre forme de lecture se
poursuit par la recherche et l’observation minutieuse de ces indices.
En bref ? Un univers atypique,
diablement addictif et novateur qui surprend autant qu’il déroute. On vous
recommande chaudement cette saga.
Et voilà ! On espère que ça vous a plu, n’hésitez pas à nous dire si vous avez lu cette saga ou si elle vous tente. On vous souhaite de chouettes lectures et à très bientôt !
- Apolline
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